Titre : The
Curse.
Auteur : Marie
Rutkoski.
Éditeur : Lumen.
Nombre de
pages : 456.
Résumé :
« Fille du plus célèbre général d'un empire
conquérant, Kestrel n'a que deux choix devant elle : s'enrôler dans l'armée ou
se marier. Mais à dix-sept ans à peine, elle n'est pas prête à se fermer ainsi
tous les horizons. Un jour, au marché, elle cède à une impulsion et acquiert
pour une petite fortune un esclave rebelle à qui elle espère éviter la mort.
Bientôt, toute la ville ne parle plus que de son coup de folie. Kestrel vient
de succomber à la " malédiction du vainqueur " : celui qui remporte
une enchère achète forcément pour un prix trop élevé l'objet de sa convoitise.
Elle ignore encore qu'elle est loin, bien loin, d'avoir
fini de payer son geste. Joueuse hors pair, stratège confirmée, elle a la
réputation de toujours savoir quand on lui ment. Elle croit donc deviner une
partie du passé tourmenté de l'esclave, Arin, et comprend qu'il n'est pas qui
il paraît... Mais ce qu'elle soupçonne n'est qu'une infime partie de la vérité,
une vérité qui pourrait bien lui coûter la vie, à elle et à tout son entourage.
Gagner sera-t-il pour elle la pire des malédictions ?
Jeux de pouvoir, coups de bluff et pièges insidieux : dans un monde nouveau, né
de l'imagination d'une auteure unanimement saluée pour son talent, deux jeunes
gens que tout oppose se livrent à une partie de poker menteur qui pourrait bien
décider de la destinée de tout un peuple. »
Mon avis :
L’intrigue – Kestrel
est la fille du général valorien Trajan, craint de ses ennemis, respecté de son
peuple. Alors qu’elle flâne avec sa meilleure amie Jess, autre jeune femme
appartenant à l’élite, elle se retrouve au marché aux esclaves, et acquiert
sans se rendre compte de son geste un jeune Herrani, prise par l’excitation de
l’enchère.
Seulement, le jeune esclave est bien plus qu’un simple
forgeron, et les choses vont se compliquer.
Au départ, je pensais me retrouver dans une histoire assez
banale. Je n’avais pas trop regardé le résumé, et m’étais laissée tenter suite
aux bons avis sur la blogosphère. Sauf que.
Sauf que je me suis retrouvée embarquée dans l’histoire,
sans même comprendre ce qui m’arrivait, et il fallait vraiment que mes yeux se
ferment tout seuls pour que j’accepte de quitter mon livre.
Ici, on a un univers assez particulier, que j’ai imaginé à
mi-chemin entre l’Antiquité et les contrées orientales, avec des références
culturelles très intéressantes. Et autant vous prévenir tout de suite, Marie
Rutkoski ne va pas à la solution de facilité ; elle a décidé de nous
malmener, et s’en donne à cœur joie ! Exit les raccourcis trop simples et
les clichés, les personnages ont de la trempe et ne sont pas décidés à se laisser
faire. Ils défendent chacun leurs convictions, et les péripéties se succèdent
intelligemment. L’équilibre est très juste entre les différents événements et
les moments de « pause » qui font avancer l’histoire. L’univers est
riche, bien construit, intrigant ; c’est complètement addictif.
Il y a un point que j’ai aimé, c’est le choix qu’on donne à
faire aux jeunes filles avant 20 ans (tout à coup j’ai un doute et je me
demande si les garçons n’y sont pas soumis). Chacune doit choisir entre se
marier avant ses 20 ans, ou embrasser la carrière militaire. Et tout au long du
livre, de manière très naturelle, on place les jeunes femmes comme de possibles
guerrières, sans les distinguer des hommes, et sans les faire passer pour plus
faibles. Il y a une égalité entre fille et garçon qui manque souvent
cruellement dans les dystopies adressées aux jeunes lecteurs. Ici, Kestrel
n’est pas considérée et présentée comme une fragile jeune fille que l’on ne
destine qu’au mariage ; elle est une fine stratège militaire, elle sait
prendre ses propres décisions, et se battre pour ses convictions. Enfin une
héroïne qui a de la trempe !
Les personnages –
Je crois que je me suis rarement autant attachée à des personnages. Tout de
suite, Kestrel m’a attirée, parce qu’elle est indépendante, maligne,
perspicace. Elle ne laisse pas marcher sur les pieds, elle est très
observatrice et sait jouer de ses atouts pour faire flancher ses ennemis. Arin
est mystérieux, rebelle sans être violent. Ce n’est pas juste un bel emballage
qui ne sert qu’à créer une belle romance, il a une vraie profondeur et une
complexité, et il est surtout le seul à savoir tenir tête à Kestrel. Arin va
vraiment se révéler au fur et à mesure. Kestrel va elle aussi connaître une
belle évolution, s’interrogeant notamment sur la légitimité de son peuple à
avoir conquis les terres herranies et avoir assujetti ce peuple, auquel
appartient Arin. J’aime vraiment beaucoup le fait que ces deux personnages
grandissent, s’affirment dans leurs choix, s’interrogent également à propos de
ceux-ci. Ils ne connaissent pas la passivité et insufflent énormément d’énergie
à cette intrigue tellement palpitante.
Le style – Je
dois, sur ce point, tirer mon chapeau à la traduction de Mathilde Montier.
Souvent, les traducteurs lissent énormément les styles des auteurs, ce qui
appauvrit parfois un texte qui avait pourtant à la base de belles qualités
stylistiques. Ici, je trouve que la traduction conserve vraiment bien la plume
de Marie Rutkoski, qui est assez marquée et particulière. Je n’ai pas
l’impression d’avoir déjà été face à une telle plume auparavant, surtout en
« young adult », et elle porte très bien cette histoire déjà géniale.
J’aime le fait qu’on ressente à ce point l’identité de l’auteure dans sa
manière d’écrire, et qu’on ne mâche pas le travail du lecteur avec un style
trop simpliste. Certes, la plume de Marie Rutkoski n’est pas forcément la plus
simple ou la plus fluide, mais elle est très poétique, et est en elle-même porteuse
de sens. On classe The Curse comme
une dystopie « jeune adulte », mais je la conseillerais tout autant à
des lecteurs plus âgés et avertis qui aiment les univers un peu fantasy.
Conclusion : Comment vous décrire cet énorme coup de cœur que
j’ai eu pour The Curse ? Terminé
hier soir, je ne cesse d’y penser depuis, j’en ai rêvé cette nuit, et ça m’a d’ailleurs
collé une belle insomnie ! Une excellente lecture, avec une envolée d’émotions
que j’ai rarement ressentie, et que je ne saurai que trop vous recommander.
J'ai hâte de le lire d'ailleurs je pense que je vais le lire dés que j'ai finis ma lecture en cours
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