Titre : Le
Silence de la mer & autres nouvelles.
Auteur : Vercors.
Éditeur : Le
Livre de poche.
Nombre de
pages : 161.
Résumé :
« Hiver 1940, la France est défaite. En province,
dans une ancienne demeure, un vieil homme et sa nièce voient une partie de leur
habitat réquisitionnée pour héberger un officier allemand. Lors des veillées,
dans la grande cuisine, seule pièce chauffée, au coin de l’âtre, l’officier
leur rend visite et essaye d’établir un contact. Enfermés dans leur mutisme,
les deux hôtes écoutent sans mot dire. De long monologues sur l’amour des
peuples, la coopération, l’admiration de la culture française émanent de cet
homme fin et cultivé, musicien de profession. Il croit à l’avenir d’une Europe
unifiée où chacun respecte l’autre et y apporte son particularisme. Il croit en
la pluralité des cultures et des idées. En face de lui, seul le silence lui
répond. »
Mon avis :
L’intrigue – J’ai
découvert Vercors à l’âge de 14 ans, lorsque j’étais en seconde, où nous avions
étudié deux nouvelles de ce court recueil, Le
Silence de la mer et Ce jour-là.
Dix ans après, ces textes continuaient de me hanter ; j’avais été très
marquée par ces deux lectures, et par l’histoire de cet auteur, et de la façon
dont il avait fait naître les Éditions de Minuit. Du coup, je me suis procurée
il n’y a pas très longtemps ce petit livre, pour redécouvrir les textes qui
m’avaient tant bouleversée, mais aussi pour en découvrir d’autres. Autant vous
dire que même dix ans après, l’émotion est toujours la même. Je ne saurais vous
dire ce qui me touche autant dans ces textes, mais ils sont vraiment
exceptionnels. Tous rattachés au début des années 1940, avec la Seconde Guerre
mondiale pour toile de fond, ils traitent de sujets difficiles et
bouleversants. J’aime toujours autant Le
Silence de la mer. Dans cette nouvelle, l’auteur nous raconte l’histoire
d’un jeune officier allemand logé par un Français et sa nièce, auxquels il
raconte son amour pour la France, mais dont la seule réponse est le silence.
L’officier ne s’en offusque pas, y voit même une forme de noble résistance
qu’il respecte. Petit à petit, il va malheureusement prendre conscience de ce
que son pays inflige à cette nation qu’il aime tant, et va perdre confiance en
son propre gouvernement et l’humanité. C’est vraiment un personnage
bouleversant, d’une sensibilité incroyable.
Mais la nouvelle, qui était pour moi une découverte et qui
m’a complètement retournée, c’est Le
Songe. Comme son nom l’indique, le narrateur, sous prétexte de dépeindre
l’un de ses rêves, dresse en fait un tableau de ce que sont les camps
d’extermination, et la façon dont il y procède. J’ai vraiment eu le cœur au
bord des lèvres en lisant ce texte, d’une précision et d’une atrocité sans nom.
Les corps décharnés et mourants s’incarnent vraiment sous les mots de Vercors,
c’est atrocement juste, et on sent presque, nous aussi, l’odeur de la chair et
des os qui brûlent. Un texte très sombre, mais superbe que je vous conseille de
lire.
Les personnages –
Je ne vais pas revenir sur les personnages un à un, car ça ne présenterait pas
vraiment d’intérêt. Mais tous les personnages de Vercors, certains étant d’ailleurs
des personnes qui ont réellement existé, sont vraiment des héros littéraires,
très puissants, et touchants chacun à leur manière.
Le style – Incontestablement,
c’est l’écriture de Vercors qui me donne envie de relire ses textes souvent.
Ses mots suintent de poésie, c’est d’une élégance et d’une justesse
incroyables. Il parvient à écrire parfaitement l’horreur, donne parfois la
nausée, et nous touche directement au cœur. Il y a une vraie puissance dans
chacune de ses phrases, il fait s’incarner les personnes, les lieux et les
sensations.
Conclusion : De magnifiques textes, que j’aime picorer petit à
petit, tellement certains sont poignants. Une écriture qui ne vous laissera
jamais indifférent.
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