Auteur :
Gérard de Cortine.
Éditeur :
Albin Michel.
Nombre de
pages : 529.
Résumé :
« On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans –
même en pleine Occupation allemande. Une petite bande de zazous, entre quinze et
vingt ans, se retrouve chaque jour au café Eva, près du Parc Montsouris, pour
écouter du jazz. Dans ce Paris occupé devenant chaque jour plus morose et
sinistre, la petite bande n’a pas du tout l’intention de se laisser abattre ne
serait-ce que pour montrer aux “Boches” que ce ne sont pas eux qui vont les
empêcher de s’amuser. »
Mon avis :
L’intrigue – ENFIN !
Le voilà, mon coup de cœur ! Ça commençait à faire un petit moment que je
n’avais pas été autant happée par un roman. Le charme n’a pas été immédiat, disons
que pendant une centaine de pages j’étais dedans sans que ce soit le coup de
foudre. Mais alors, je serais bien incapable de dire à quel moment exactement,
j’ai été prise au bout de cette centaine de page dans le tourbillon de
l’histoire, et lâcher mon livre était une véritable torture. Exit les soirées
télés et pauses repas, la moindre petite minute de libre était consacrée à ma
lecture en cours. Je ne veux pas trop rentrer dans les détails de l’intrigue,
car je suis personnellement entrée dedans en sachant juste qu’on allait parler
d’une bande d’ados sous l’Occupation, et c’est ce qui, je pense, m’a permis de
vraiment découvrir chaque péripétie en même temps que les personnages. J’ai
aimé ce procédé qui voulait qu’on suive toute une bande. Même si notre regard
est avant tout dirigé vers Josette, l’héroïne, on a vraiment une variété de
personnalités et de destinées, avec la juive, le prisonnier de guerre, le Noir
américain, etc. C’est selon moi une très grande force, parce que le lecteur en
prend, pardonnez-moi l’expression, plein la gueule. On passe notre temps à nous
inquiéter pour les personnages, l’auteur manie avec brio l’art du suspense et
de l’attente.
Je vais passer sur un aspect plus factuel, avec l’ancrage
temporel. C’est très compliqué d’écrire un roman historique, d’autant plus je
pense sur la Seconde Guerre mondiale, période sur laquelle il y a déjà eu
énormément d’écrits. C’est personnellement une époque que je connais très bien,
d’autant plus que j’ai grandi et vis toujours près des plages du Débarquement.
Au début, il y avait un effet de masse qui me gênait un peu sur l’engagement
zazou. Avant ce roman, je n’en avais jamais entendu parler – c’est d’ailleurs
pour ça qu’il m’a attirée au départ – et l’auteur pouvait bien me raconter ce qu’il
voulait, ça pouvait même être une totale invention de sa part que je n’y aurais
vu que du feu (promis je cours me renseigner après cette chronique) ! Au
début donc, l’auteur donnait une impression de masse et d’unité, comme si tous
les jeunes résistaient à l’envahisseur et bravaient le danger. Cet aspect me
dérangeait un peu, car on sait qu’il y avait bien moins de résistants – et de
collabos – que ce que la mémoire veut nous faire croire. Mais très vite cet
aspect est nuancé : les groupes zazous se déchirent entre eux, on voit
aussi la collaboration, et de manière plus large, la non-action, cet instinct
de survie qui pousse la grande majorité de la population à ne rien faire, d’un
côté comme de l’autre, pour sauver leur peau, même si cela implique d’assister
à des rafles ou des exécutions dans des lieux publics. Les personnages
eux-mêmes reflètent bien cette ambivalence. On a d’un côté Marie, chanteuse,
qui accepte de plus en plus de contrats qui requièrent une représentation
devant les nazis, car elle ne veut pas freiner sa carrière. On a de l’autre
Sarah, juive et tête de mule qui, comme acte de résistance suprême, décide de
continuer à vivre malgré les distinctions religieuses, comme elle le faisait
avant-guerre. Et Josette, bien sûr. On sent tout au long du roman un courage
discret qui la pousse à tous les petits méfaits pour décourager l’armée
allemande. Et pourtant, sa rencontre avec un officier de la Luftwaffe va remettre ses croyances en
question. Je ne vous dévoile pas grand-chose en vous disant que l’officier en
question est encore moins nazi que la bande de zazous, on nous le dit très très
vite. Mais c’est tout à fait intéressant de voir comment Josette va vivre ce
duel entre sa lutte contre l’envahisseur, et sa relation avec l’un de ces derniers.
Le style – L’auteur
écrit vraiment très bien. Je ne vais pas m’étendre dix pages ici juste pour
vous dire combien j’ai aimé, mais ça se dévore bien plus vite qu’on ne le
voudrait !
Conclusion : Pas moins qu’un coup de cœur, dont je ne saurais
que trop vous conseiller la lecture.
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