Auteur :
Michael Cunningham.
Éditeur :
10/18.
Nombre de
pages : 520.
Résumé :
« Constantin Stassos, un immigrant grec, n’a pas
grand-chose en commun avec Mary, une belle Américaine d’origine italienne
épousée durant la grande utopie des années cinquante. Promoteur immobilier
installé à Newark, dans le New jersey, il va bâtir sa réussite sur le dos de
plus infortunés que lui et se révéler un homme violent. Mary est une femme
frustrée, qui accepte mal l’étroitesse du quotidien. Trois enfants naissent :
Susan, l’aînée, a avec son père une relation qui frôle l’inceste. Billy, un
garçon émotif, vulnérable, est incompris de son père, particulièrement lorsque
celui-ci découvre son homosexualité. Zoé, la cadette, ira vivre à Manhattan où
elle s’adonne à la drogue puis, enceinte d’un amant de passage, un Noir, est
adoptée par un travesti, Cassandra, qui va l’aider à élever son fils. Sous la
façade respectable, le scandale est absolu. »
Mon avis :
L’intrigue – Dire
que cette famille est complètement frappée serait un euphémisme. Chaque
chapitre est daté, et centré sur un personnage. On suit ainsi cette famille sur
quatre générations (trois principalement), et sur un siècle.
C’est le deuxième titre que je lis de Michael Cunningham, et
le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils font leur petit effet. J’ai
l’impression que le thème de l’intimité et du cercle familial est assez cher à
cet auteur. J’étais plutôt curieuse de le découvrir dans une chronique
familiale, même si je redoutais un peu cette lecture – je vous explique
pourquoi dans la seconde partie de la chronique.
Ici, les personnages sont tous plus atteints les uns que les
autres, les erreurs et travers des parents se retrouvent chez les enfants, et
sur les petits-enfants, et le lecteur est piégé dans un cercle infernal, comme
s’il n’y avait aucun espoir pour l’humanité. On suit en grande majorité les
personnages sur la période qui s’étend de la petite enfance des trois enfants
de Mary et Constantin, jusqu’à leur mort, ce qui fait tout de même plusieurs
décennies. Cet étirement du temps n’est pas commun, et personnellement je dirai
que plutôt de nous tenir en haleine, cela nous essouffle. On a l’impression de
n’en jamais sortir, et pendant une grande partie du roman je me suis demandée où
l’auteur voulait nous emmener. Aux alentours des trois quarts du livre, je me
doutais un peu de ce qui allait se passer, même si je ne pensais pas que ça
tomberait sur ce personnage-ci.
Cette intrigue, c’est celle d’un véritable enfer. Le lecteur
est embarqué dans des vices humains qui se déchaînent, à tel point que c’en
devient presque improbable : inceste, drogue, prostitution, violence,
criminalité, comportements considérés comme contraires aux normes sociétales de
l’époque (j’entends ici l’homosexualité et le travestissement). J’ai trouvé
trop improbable que tant de « déchéance » puisse sévir dans une seule
famille et avec autant d’intensité, que les uns reproduisent les erreurs des
autres un peu bêtement. Il y a une grande passivité dans ce livre, il y a
d’ailleurs une expression qui revient très souvent : « J’ai laissé
faire. » Et c’est vraiment de cela qui s’agit : les personnages
laissent l’horreur s’abattre sur eux sans réagir, et l’appellent même parfois.
Le style – C’est
sur ce point que je voulais surtout intervenir. S’il y a quelque chose à dire
de l’écriture de Michael Cunningham, c’est qu’elle est éprouvante. J’avais déjà
ressenti cela lorsque j’avais lu Les
Heures, et ce sentiment s’est répété ici. Impossible pour moi de lire
plusieurs chapitres d’affilée, j’avais besoin de faire des pauses très
régulières, car je me sentais vraiment engloutie et épuisée par la façon
d’écrire de cet auteur. Associée à l’aspect infernal et machinal de l’intrigue,
cette écriture bouffe littéralement toute l’énergie du lecteur qui est laissé
là, pantois, comme rejeté sur la grève par la dernière vague d’une marée
descendante. Je crois que c’est pour cette raison que j’ai autant de mal à
donner un avis vraiment tranché sur ce livre. Je ne peux pas dire que j’ai détesté,
ce ne serait pas vrai, sinon je ne l’aurais pas terminé. Mais impossible pour
moi d’apprécier réellement ma lecture, tellement j’ai été consumée par
celle-ci.
Conclusion : Une lecture difficile, tant au niveau du style
que de l’intrigue, dans laquelle le lecteur est aussi maltraité que les
personnages.
Ton avis me rend très curieuse... Je suis à la fois tentée de lire ce roman (très tentée même ^^), mais suis également effrayée par cette impression d'étouffement que tu as ressentie pendant ta lecture. Je n'aime moi-même pas être obligée de faire des pauses lorsque je lis, être oppressée me dérange beaucoup, du coup j'ai vraiment des doutes.
RépondreSupprimerEn tout cas, merci pour ton avis pertinent !
Pour le coup de l'oppression, il y en a ! C'est vraiment lourd, j'ai eu l'impression d'être en apnée pendant plus de 500 pages, et d'enfin reprendre mon souffle lorsque j'ai refermé ce livre.
SupprimerAh, je vois de quoi tu me parlais sur le groupe 1 an avec ma Book Jar. Tu éveilles ma curiosité !
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