Auteur : Durian
Sukegawa.
Éditeur : Albin
Michel.
Nombre de
pages : 239.
Résumé :
« Pour payer ses dettes, Sentarô vend des gâteaux.
Il accepte d'embaucher Tokue experte dans la fabrication de an, galette à base
de haricots rouges. Mais la rumeur selon laquelle la vieille femme aurait eu la
lèpre étant jeune, met la boutique en péril. Sentarô devra agir pour sauver son
commerce. »
Mon avis :
L’intrigue – Vraiment,
c’est une très belle histoire. Les personnages sont attachants, ils ont chacun
une personnalité complexe et une histoire, et c’est assez stupéfiant de voir
comment l’auteur parvient à aussi bien dessiner chacun d’eux en seulement 239
pages.
On suit ici trois destins croisés. Tokue aide Sentarô à la
fabrication des dorayaki, Sentarô et
Wakana deviennent pour Tokue une famille d’adoption, et Tokue et Sentarô
offrent à Wakana l’attention et une structure familiale qui lui manquent. Ils
forment à eux trois un trio surprenant, que rien n’unit en apparence, mais tous
sont liés par une affection sincère et une grande compassion.
En soi, l’intrigue ne propose pas quelque chose de
révolutionnaire, il ne s’y passe pas grand-chose. Mais c’était finalement le
meilleur choix à faire pour laisser les personnages d’épanouir dans cette
histoire, et le lecteur se laisse vite prendre par leur quotidien.
Ce que j’ai aimé également dans ce roman, c’est qu’on y
aborde un sujet méconnu, à savoir la lèpre à l’ère moderne. J’avais un peu peur
de lire un auteur japonais. Leur culture est en effet très complexe et codée,
et même si je la connais un peu, je craignais de ne pas avoir toujours les
armes nécessaires à la compréhension des réactions et codes. J’ai vite été
rassurée, l’auteur sait planter le décor sans perdre le lecteur occidental, alors
même qu’il traite d’un fait de société purement japonais. Il y est en effet
question des cas de lèpre qui ont sévi, une maladie que l’on connaît surtout
dans des contextes moyenâgeux, voire de la Renaissance, mais peu dans des
périodes contemporaines. C’était tout à fait intéressant de voir comment les
lépreux ont souffert du regard des citoyens lambda, alors même que leur maladie
se soignait et qu’ils n’étaient pas contagieux. Enfermés dans des centres de
soins, coupés du monde extérieur jusqu’à une époque récente (de mémoire, on
parle des années 90 pour la loi abrogeant leur mise en quarantaine), on se rend
compte dans ce récit que la vraie souffrance n’est pas dans la maladie, mais
dans le regard des autres.
Le style – Durian
Sukegawa a vraiment une plume très légère. Il y a dans ses mots une poésie
sous-jacente mais simple qui berce le lecteur et l’embarque dans l’histoire
avec une douceur surprenante. Les images sont très belles, la temporalité du
récit est cadrée par les cycles de floraison du cerisier qui grandit devant la
boutique de Sentarô. La lecture de ce roman est une gourmandise, comme ces dorayaki qui jalonnent le récit et
auxquels on a tant envie de goûter !
Conclusion : Une belle histoire et des personnages attachants,
portés par une écriture poétique.
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