jeudi 13 octobre 2016

De chair et de sang, Michael Cunningham.





Titre : De chair et de sang.
Auteur : Michael Cunningham.
Éditeur : 10/18.
Nombre de pages : 520.


Résumé :
« Constantin Stassos, un immigrant grec, n’a pas grand-chose en commun avec Mary, une belle Américaine d’origine italienne épousée durant la grande utopie des années cinquante. Promoteur immobilier installé à Newark, dans le New jersey, il va bâtir sa réussite sur le dos de plus infortunés que lui et se révéler un homme violent. Mary est une femme frustrée, qui accepte mal l’étroitesse du quotidien. Trois enfants naissent : Susan, l’aînée, a avec son père une relation qui frôle l’inceste. Billy, un garçon émotif, vulnérable, est incompris de son père, particulièrement lorsque celui-ci découvre son homosexualité. Zoé, la cadette, ira vivre à Manhattan où elle s’adonne à la drogue puis, enceinte d’un amant de passage, un Noir, est adoptée par un travesti, Cassandra, qui va l’aider à élever son fils. Sous la façade respectable, le scandale est absolu. »

Mon avis :
L’intrigue – Dire que cette famille est complètement frappée serait un euphémisme. Chaque chapitre est daté, et centré sur un personnage. On suit ainsi cette famille sur quatre générations (trois principalement), et sur un siècle.
C’est le deuxième titre que je lis de Michael Cunningham, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils font leur petit effet. J’ai l’impression que le thème de l’intimité et du cercle familial est assez cher à cet auteur. J’étais plutôt curieuse de le découvrir dans une chronique familiale, même si je redoutais un peu cette lecture – je vous explique pourquoi dans la seconde partie de la chronique.
Ici, les personnages sont tous plus atteints les uns que les autres, les erreurs et travers des parents se retrouvent chez les enfants, et sur les petits-enfants, et le lecteur est piégé dans un cercle infernal, comme s’il n’y avait aucun espoir pour l’humanité. On suit en grande majorité les personnages sur la période qui s’étend de la petite enfance des trois enfants de Mary et Constantin, jusqu’à leur mort, ce qui fait tout de même plusieurs décennies. Cet étirement du temps n’est pas commun, et personnellement je dirai que plutôt de nous tenir en haleine, cela nous essouffle. On a l’impression de n’en jamais sortir, et pendant une grande partie du roman je me suis demandée où l’auteur voulait nous emmener. Aux alentours des trois quarts du livre, je me doutais un peu de ce qui allait se passer, même si je ne pensais pas que ça tomberait sur ce personnage-ci.
Cette intrigue, c’est celle d’un véritable enfer. Le lecteur est embarqué dans des vices humains qui se déchaînent, à tel point que c’en devient presque improbable : inceste, drogue, prostitution, violence, criminalité, comportements considérés comme contraires aux normes sociétales de l’époque (j’entends ici l’homosexualité et le travestissement). J’ai trouvé trop improbable que tant de « déchéance » puisse sévir dans une seule famille et avec autant d’intensité, que les uns reproduisent les erreurs des autres un peu bêtement. Il y a une grande passivité dans ce livre, il y a d’ailleurs une expression qui revient très souvent : « J’ai laissé faire. » Et c’est vraiment de cela qui s’agit : les personnages laissent l’horreur s’abattre sur eux sans réagir, et l’appellent même parfois.
Le style – C’est sur ce point que je voulais surtout intervenir. S’il y a quelque chose à dire de l’écriture de Michael Cunningham, c’est qu’elle est éprouvante. J’avais déjà ressenti cela lorsque j’avais lu Les Heures, et ce sentiment s’est répété ici. Impossible pour moi de lire plusieurs chapitres d’affilée, j’avais besoin de faire des pauses très régulières, car je me sentais vraiment engloutie et épuisée par la façon d’écrire de cet auteur. Associée à l’aspect infernal et machinal de l’intrigue, cette écriture bouffe littéralement toute l’énergie du lecteur qui est laissé là, pantois, comme rejeté sur la grève par la dernière vague d’une marée descendante. Je crois que c’est pour cette raison que j’ai autant de mal à donner un avis vraiment tranché sur ce livre. Je ne peux pas dire que j’ai détesté, ce ne serait pas vrai, sinon je ne l’aurais pas terminé. Mais impossible pour moi d’apprécier réellement ma lecture, tellement j’ai été consumée par celle-ci.


Conclusion : Une lecture difficile, tant au niveau du style que de l’intrigue, dans laquelle le lecteur est aussi maltraité que les personnages.

3 commentaires:

  1. Ton avis me rend très curieuse... Je suis à la fois tentée de lire ce roman (très tentée même ^^), mais suis également effrayée par cette impression d'étouffement que tu as ressentie pendant ta lecture. Je n'aime moi-même pas être obligée de faire des pauses lorsque je lis, être oppressée me dérange beaucoup, du coup j'ai vraiment des doutes.
    En tout cas, merci pour ton avis pertinent !

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    1. Pour le coup de l'oppression, il y en a ! C'est vraiment lourd, j'ai eu l'impression d'être en apnée pendant plus de 500 pages, et d'enfin reprendre mon souffle lorsque j'ai refermé ce livre.

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  2. Ah, je vois de quoi tu me parlais sur le groupe 1 an avec ma Book Jar. Tu éveilles ma curiosité !

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