Titre : La
Faucheuse.
Auteur : Neal
Shusterman.
Éditeur : Robert
Lafont – Collection R.
Nombre de
pages : 493.
Résumé :
« Les commandements du Faucheur :
Tu tueras.
Tu tueras sans aucun parti pris, sans sectarisme et sans
préméditation.
Tu accorderas une année d'immunité à la famille de ceux
qui ont accepté ta venue.
Tu tueras la famille de ceux qui t'ont résisté. »
Mon avis :
L’intrigue – Je
dois avouer que j’aimais assez l’idée de me plonger dans ce roman sans savoir
réellement de quoi il en retournait. La 4e de couverture ne révèle
rien, et c’était exactement ce qu’il me fallait pour mieux appréhender cette
histoire.
Du coup, je ne vais pas trop épiloguer sur le contenu de
l’intrigue en elle-même, pour vous laisser savourer cette histoire comme je
l’ai fait.
De mon côté, je dois avouer que ma lecture s’est faite un
peu en dent de scie. Dès le premier chapitre, on entame très très fort, et je
me suis dit que si on continuait comme ça pendant tout le livre, ça allait être
dingue. Sauf qu’on a eu une sorte d’effet « soufflé », et la sauce
est redescendue aussi vite qu’elle était montée. Pendant environ les 200
premières pages, il ne se passe pas tellement de choses, l’auteur installe
surtout l’univers. Alors c’est vrai que c’est nécessaire, parce que le monde
créé est vraiment très dense et on a besoin de toutes ces informations pour
mieux l’appréhender. Mais du coup, l’intrigue qui commençait très fort est
assez plate pendant presque toute la première moitié du livre. Heureusement,
une fois ce cap passé, ça se dynamise vraiment, et là on est littéralement
embarqués dans la suite de péripéties et on ne le lâche plus.
Le second point négatif de ce roman, c’est que certaines
situations se démêlent vraiment trop facilement. Alors évidemment je ne peux
pas vous exprimer clairement à quels moments en particulier je pense, mais pour
ceux qui l’ont déjà lu, je pense que vous verrez de quoi je veux parler. Il y a
quand même des moments où en deux lignes, on nous dit : « Tu vois ce
personnage ? Il est dedans jusqu’au cou ? Et bien cet autre
personnage-là est arrivé, et il a résolu le problème, du coup le premier il est
ok. » Et je vous jure que j’exagère à peine. Du coup ces trous noirs
titillent ma curiosité, parce qu’en tant que lectrice, je n’ai pas envie qu’on
me dise juste que telle chose est arrangée, mais qu’on m’explique comment on en
est arrivés là. Dans la suite, peut-être ?
En tout cas, et même si je n’ai pas eu le même coup de cœur
absolu comme beaucoup, je dois avouer que ce roman a été une très agréable
surprise. Enfin, le genre de la dystopie se renouvelle, on nous propose quelque
chose d’inédit, qui certes a ses petits défauts, mais comme tous les livres.
C’est vraiment agréable de ne pas tomber dans tous les clichés du genre, et de
se faire un peu malmener par l’auteur. Jusqu’aux dernières pages, impossible de
deviner vers quoi il va nous emmener, vers quoi va se diriger la suite. Le réel
point fort de ce récit, c’est qu’enfin on nous propose de l’inattendu et du
novateur. Alors même si toi, petit abonné de mon blog, tu en as marre de la
dystopie parce que tu en as trop lu, je te conseille quand même très fortement
d’aller lire celle-ci, je pense que tu ne seras pas déçu !
Les personnages –
Ce qui est agréable dans ce livre également, c’est qu’on ne nous sert pas des
personnages vus et revus, avec une romance à deux francs. Ici, les deux
apprentis faucheurs que l’on va suivre ont vraiment leur identité propre, sont
confrontés à des problèmes très différents, et chacun va connaître une
évolution très différente tout au long de l’histoire. Pour la faire courte, ces
personnages sont crédibles. Et on ne peut pas dire que ce soit toujours le cas
dans les autres romans du genre. Chacun va vraiment grandir et s’affirmer
pendant son apprentissage, au final comme n’importe quel adolescent, ce ne sont
pas des héros absolus, à la morale irréprochable. Chacun commet ses propres
erreurs et connaît ses propres dépassements de soi. Il y a une complexité et un
réalisme des identités qui m’ont beaucoup plu.
Le style – Comme
toujours dans du « young adult », je n’ai pas grand-chose à dire,
déjà parce que les styles sont souvent assez fluides, mais aussi parce qu’ils
sont beaucoup lissés par la traduction. Un point cependant : on a, entre
chaque chapitre, une ou deux pages du Journal de bord d’un faucheur, qui amorce
le sujet abordé ensuite. Et j’ai été très surprise d’y trouver une pluralité
des voix. Chaque faucheur s’exprime d’une façon qui lui est particulière, et du
coup dès les premières lignes on l’identifiait facilement (et sans tricher en
regardant la signature !). L’exercice est loin d’être évident, et j’étais
agréablement surprise de voir que l’identité de chacun se reflétait jusque dans
leur manière de s’exprimer.
Conclusion : Enfin, une dystopie originale ! Malgré
quelques petits raccourcis un peu frustrants, Neal Shusterman parvient ici à
renouveler un genre qui s’enlisait un peu et à nous surprendre jusqu’à la
dernière page.
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