vendredi 28 octobre 2016

Zazous, de Gérard de Cortanze.






Titre : Zazous.
Auteur : Gérard de Cortine.
Éditeur : Albin Michel.
Nombre de pages : 529.

Résumé :
« On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans – même en pleine Occupation allemande. Une petite bande de zazous, entre quinze et vingt ans, se retrouve chaque jour au café Eva, près du Parc Montsouris, pour écouter du jazz. Dans ce Paris occupé devenant chaque jour plus morose et sinistre, la petite bande n’a pas du tout l’intention de se laisser abattre ne serait-ce que pour montrer aux “Boches” que ce ne sont pas eux qui vont les empêcher de s’amuser. »

Mon avis :
L’intrigue – ENFIN ! Le voilà, mon coup de cœur ! Ça commençait à faire un petit moment que je n’avais pas été autant happée par un roman. Le charme n’a pas été immédiat, disons que pendant une centaine de pages j’étais dedans sans que ce soit le coup de foudre. Mais alors, je serais bien incapable de dire à quel moment exactement, j’ai été prise au bout de cette centaine de page dans le tourbillon de l’histoire, et lâcher mon livre était une véritable torture. Exit les soirées télés et pauses repas, la moindre petite minute de libre était consacrée à ma lecture en cours. Je ne veux pas trop rentrer dans les détails de l’intrigue, car je suis personnellement entrée dedans en sachant juste qu’on allait parler d’une bande d’ados sous l’Occupation, et c’est ce qui, je pense, m’a permis de vraiment découvrir chaque péripétie en même temps que les personnages. J’ai aimé ce procédé qui voulait qu’on suive toute une bande. Même si notre regard est avant tout dirigé vers Josette, l’héroïne, on a vraiment une variété de personnalités et de destinées, avec la juive, le prisonnier de guerre, le Noir américain, etc. C’est selon moi une très grande force, parce que le lecteur en prend, pardonnez-moi l’expression, plein la gueule. On passe notre temps à nous inquiéter pour les personnages, l’auteur manie avec brio l’art du suspense et de l’attente.
Je vais passer sur un aspect plus factuel, avec l’ancrage temporel. C’est très compliqué d’écrire un roman historique, d’autant plus je pense sur la Seconde Guerre mondiale, période sur laquelle il y a déjà eu énormément d’écrits. C’est personnellement une époque que je connais très bien, d’autant plus que j’ai grandi et vis toujours près des plages du Débarquement. Au début, il y avait un effet de masse qui me gênait un peu sur l’engagement zazou. Avant ce roman, je n’en avais jamais entendu parler – c’est d’ailleurs pour ça qu’il m’a attirée au départ – et l’auteur pouvait bien me raconter ce qu’il voulait, ça pouvait même être une totale invention de sa part que je n’y aurais vu que du feu (promis je cours me renseigner après cette chronique) ! Au début donc, l’auteur donnait une impression de masse et d’unité, comme si tous les jeunes résistaient à l’envahisseur et bravaient le danger. Cet aspect me dérangeait un peu, car on sait qu’il y avait bien moins de résistants – et de collabos – que ce que la mémoire veut nous faire croire. Mais très vite cet aspect est nuancé : les groupes zazous se déchirent entre eux, on voit aussi la collaboration, et de manière plus large, la non-action, cet instinct de survie qui pousse la grande majorité de la population à ne rien faire, d’un côté comme de l’autre, pour sauver leur peau, même si cela implique d’assister à des rafles ou des exécutions dans des lieux publics. Les personnages eux-mêmes reflètent bien cette ambivalence. On a d’un côté Marie, chanteuse, qui accepte de plus en plus de contrats qui requièrent une représentation devant les nazis, car elle ne veut pas freiner sa carrière. On a de l’autre Sarah, juive et tête de mule qui, comme acte de résistance suprême, décide de continuer à vivre malgré les distinctions religieuses, comme elle le faisait avant-guerre. Et Josette, bien sûr. On sent tout au long du roman un courage discret qui la pousse à tous les petits méfaits pour décourager l’armée allemande. Et pourtant, sa rencontre avec un officier de la Luftwaffe va remettre ses croyances en question. Je ne vous dévoile pas grand-chose en vous disant que l’officier en question est encore moins nazi que la bande de zazous, on nous le dit très très vite. Mais c’est tout à fait intéressant de voir comment Josette va vivre ce duel entre sa lutte contre l’envahisseur, et sa relation avec l’un de ces derniers.
Le style – L’auteur écrit vraiment très bien. Je ne vais pas m’étendre dix pages ici juste pour vous dire combien j’ai aimé, mais ça se dévore bien plus vite qu’on ne le voudrait !


Conclusion : Pas moins qu’un coup de cœur, dont je ne saurais que trop vous conseiller la lecture.

jeudi 27 octobre 2016

La couleur du lait, de Nell Leyshon.





Titre : La couleur du lait.
Auteur : Nell Leyshon.
Éditeur : 10/18.
Nombre de pages : 187.

Résumé :
« En cette année 1831, Mary, une fille de 15 ans entame le tragique récit de sa courte existence : un père brutal, une mère insensible et sévère, en bref, une vie de misère dans la campagne anglaise du Dorset.
Simple et franche, lucide et impitoyable, elle raconte comment, un été, sa vie a basculé lorsqu’on l’a envoyée travailler chez le pasteur Graham, afin de servir et tenir compagnie à son épouse, femme fragile et pleine de douceur.
Elle apprend avec elle la bienveillance, et découvre avec le pasteur les richesses de la lecture et de l’écriture, mais aussi l’obéissance, l’avilissement et l’humiliation. Finalement, l’apprentissage prodigué ne lui servira qu’à écrire noir sur blanc sa fatale destinée. Et son implacable confession. »

Mon avis :
L’intrigue – Je ne vais pas épiloguer longtemps sur ce roman, car clairement, ça a été une immense déception. Je ne vais pas dire que j’ai détesté, mais on n’en est pas si loin. Le titre et la couverture m’avaient beaucoup intriguée et j’avais acheté ce titre sans m’attarder d’avantage sur la quatrième de couverture. Première déception : le titre désigne en fait la couleur des cheveux de Mary, et n’a pas vraiment de lien avec l’intrigue.
Et l’intrigue en elle-même : l’histoire en soi n’est pas mauvaise, il y avait assez de rebondissements pour qu’un livre aussi peu épais soit palpitant, mais les éléments sont mal apportés, on se répète, on s’empêtre et au final, les 187 pages en rappellent le double.
Le style – Si j’avais ouvert le livre dans la librairie, je n’aurais clairement pas acheté ce roman. L’auteur y imite le langage et le style d’une jeune fermière de la première moitié du XIXe, sans culture. Et cela se traduit, d’abord par une écriture très orale, mais aussi et surtout par une absence totale de ponctuation. Les majuscules n’existent pas, on a quelques virgules, et seulement les points finaux. J’ai failli abandonner dès les premières pages, car les yeux de l’assistante d’édition que je suis ont failli s’embraser. J’ai eu énormément de mal à lire parfois car je ne voyais que ce style grinçant et ces majuscules absentes. Alors en soi, je peux comprendre la démarche de l’auteur qui veut retranscrire au plus près ce à quoi l’écriture d’une ado acculturée peut ressembler. Mais l’invraisemblance qui m’a donné envie de hurler au scandale, c’est que dans l’histoire, alors qu’on suit l’apprentissage de l’écriture et de la lecture par Mary, l’auteur nous dit noir sur blanc qu’elle apprend l’utilisation de la majuscule, en début de phrase, etc. Du coup, et alors qu’elle écrit son histoire après avoir fait cet apprentissage, je ne comprends pas pourquoi elle n’utilise pas la majuscule, ce n’est pas cohérent.


Conclusion : Des incohérences trop grandes entre le style et l’histoire, je n’ai vraiment pas adhéré au concept.

vendredi 21 octobre 2016

Les délices de Tokyo, Durian Sukegawa.





Titre : Les délices de Tokyo.
Auteur : Durian Sukegawa.
Éditeur : Albin Michel.
Nombre de pages : 239.

Résumé :
« Pour payer ses dettes, Sentarô vend des gâteaux. Il accepte d'embaucher Tokue experte dans la fabrication de an, galette à base de haricots rouges. Mais la rumeur selon laquelle la vieille femme aurait eu la lèpre étant jeune, met la boutique en péril. Sentarô devra agir pour sauver son commerce. »

Mon avis :
L’intrigue – Vraiment, c’est une très belle histoire. Les personnages sont attachants, ils ont chacun une personnalité complexe et une histoire, et c’est assez stupéfiant de voir comment l’auteur parvient à aussi bien dessiner chacun d’eux en seulement 239 pages.
On suit ici trois destins croisés. Tokue aide Sentarô à la fabrication des dorayaki, Sentarô et Wakana deviennent pour Tokue une famille d’adoption, et Tokue et Sentarô offrent à Wakana l’attention et une structure familiale qui lui manquent. Ils forment à eux trois un trio surprenant, que rien n’unit en apparence, mais tous sont liés par une affection sincère et une grande compassion.
En soi, l’intrigue ne propose pas quelque chose de révolutionnaire, il ne s’y passe pas grand-chose. Mais c’était finalement le meilleur choix à faire pour laisser les personnages d’épanouir dans cette histoire, et le lecteur se laisse vite prendre par leur quotidien.
Ce que j’ai aimé également dans ce roman, c’est qu’on y aborde un sujet méconnu, à savoir la lèpre à l’ère moderne. J’avais un peu peur de lire un auteur japonais. Leur culture est en effet très complexe et codée, et même si je la connais un peu, je craignais de ne pas avoir toujours les armes nécessaires à la compréhension des réactions et codes. J’ai vite été rassurée, l’auteur sait planter le décor sans perdre le lecteur occidental, alors même qu’il traite d’un fait de société purement japonais. Il y est en effet question des cas de lèpre qui ont sévi, une maladie que l’on connaît surtout dans des contextes moyenâgeux, voire de la Renaissance, mais peu dans des périodes contemporaines. C’était tout à fait intéressant de voir comment les lépreux ont souffert du regard des citoyens lambda, alors même que leur maladie se soignait et qu’ils n’étaient pas contagieux. Enfermés dans des centres de soins, coupés du monde extérieur jusqu’à une époque récente (de mémoire, on parle des années 90 pour la loi abrogeant leur mise en quarantaine), on se rend compte dans ce récit que la vraie souffrance n’est pas dans la maladie, mais dans le regard des autres.
Le style – Durian Sukegawa a vraiment une plume très légère. Il y a dans ses mots une poésie sous-jacente mais simple qui berce le lecteur et l’embarque dans l’histoire avec une douceur surprenante. Les images sont très belles, la temporalité du récit est cadrée par les cycles de floraison du cerisier qui grandit devant la boutique de Sentarô. La lecture de ce roman est une gourmandise, comme ces dorayaki qui jalonnent le récit et auxquels on a tant envie de goûter !


Conclusion : Une belle histoire et des personnages attachants, portés par une écriture poétique.

jeudi 13 octobre 2016

De chair et de sang, Michael Cunningham.





Titre : De chair et de sang.
Auteur : Michael Cunningham.
Éditeur : 10/18.
Nombre de pages : 520.


Résumé :
« Constantin Stassos, un immigrant grec, n’a pas grand-chose en commun avec Mary, une belle Américaine d’origine italienne épousée durant la grande utopie des années cinquante. Promoteur immobilier installé à Newark, dans le New jersey, il va bâtir sa réussite sur le dos de plus infortunés que lui et se révéler un homme violent. Mary est une femme frustrée, qui accepte mal l’étroitesse du quotidien. Trois enfants naissent : Susan, l’aînée, a avec son père une relation qui frôle l’inceste. Billy, un garçon émotif, vulnérable, est incompris de son père, particulièrement lorsque celui-ci découvre son homosexualité. Zoé, la cadette, ira vivre à Manhattan où elle s’adonne à la drogue puis, enceinte d’un amant de passage, un Noir, est adoptée par un travesti, Cassandra, qui va l’aider à élever son fils. Sous la façade respectable, le scandale est absolu. »

Mon avis :
L’intrigue – Dire que cette famille est complètement frappée serait un euphémisme. Chaque chapitre est daté, et centré sur un personnage. On suit ainsi cette famille sur quatre générations (trois principalement), et sur un siècle.
C’est le deuxième titre que je lis de Michael Cunningham, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils font leur petit effet. J’ai l’impression que le thème de l’intimité et du cercle familial est assez cher à cet auteur. J’étais plutôt curieuse de le découvrir dans une chronique familiale, même si je redoutais un peu cette lecture – je vous explique pourquoi dans la seconde partie de la chronique.
Ici, les personnages sont tous plus atteints les uns que les autres, les erreurs et travers des parents se retrouvent chez les enfants, et sur les petits-enfants, et le lecteur est piégé dans un cercle infernal, comme s’il n’y avait aucun espoir pour l’humanité. On suit en grande majorité les personnages sur la période qui s’étend de la petite enfance des trois enfants de Mary et Constantin, jusqu’à leur mort, ce qui fait tout de même plusieurs décennies. Cet étirement du temps n’est pas commun, et personnellement je dirai que plutôt de nous tenir en haleine, cela nous essouffle. On a l’impression de n’en jamais sortir, et pendant une grande partie du roman je me suis demandée où l’auteur voulait nous emmener. Aux alentours des trois quarts du livre, je me doutais un peu de ce qui allait se passer, même si je ne pensais pas que ça tomberait sur ce personnage-ci.
Cette intrigue, c’est celle d’un véritable enfer. Le lecteur est embarqué dans des vices humains qui se déchaînent, à tel point que c’en devient presque improbable : inceste, drogue, prostitution, violence, criminalité, comportements considérés comme contraires aux normes sociétales de l’époque (j’entends ici l’homosexualité et le travestissement). J’ai trouvé trop improbable que tant de « déchéance » puisse sévir dans une seule famille et avec autant d’intensité, que les uns reproduisent les erreurs des autres un peu bêtement. Il y a une grande passivité dans ce livre, il y a d’ailleurs une expression qui revient très souvent : « J’ai laissé faire. » Et c’est vraiment de cela qui s’agit : les personnages laissent l’horreur s’abattre sur eux sans réagir, et l’appellent même parfois.
Le style – C’est sur ce point que je voulais surtout intervenir. S’il y a quelque chose à dire de l’écriture de Michael Cunningham, c’est qu’elle est éprouvante. J’avais déjà ressenti cela lorsque j’avais lu Les Heures, et ce sentiment s’est répété ici. Impossible pour moi de lire plusieurs chapitres d’affilée, j’avais besoin de faire des pauses très régulières, car je me sentais vraiment engloutie et épuisée par la façon d’écrire de cet auteur. Associée à l’aspect infernal et machinal de l’intrigue, cette écriture bouffe littéralement toute l’énergie du lecteur qui est laissé là, pantois, comme rejeté sur la grève par la dernière vague d’une marée descendante. Je crois que c’est pour cette raison que j’ai autant de mal à donner un avis vraiment tranché sur ce livre. Je ne peux pas dire que j’ai détesté, ce ne serait pas vrai, sinon je ne l’aurais pas terminé. Mais impossible pour moi d’apprécier réellement ma lecture, tellement j’ai été consumée par celle-ci.


Conclusion : Une lecture difficile, tant au niveau du style que de l’intrigue, dans laquelle le lecteur est aussi maltraité que les personnages.

jeudi 6 octobre 2016

Une adolescence américaine, Joyce Maynard.




Titre : Une adolescence américaine.
Auteur : Joyce Maynard.
Éditeur : 10/18.
Nombre de pages : 257.

Résumé :
« Lorsqu’elle témoigne ainsi sur sa génération, au tout début des années 1970, Joyce Maynard a dix-huit ans. Un article publié dans le New York Times lui avait valu des tonnes de courrier et l’attention de beaucoup, dont celle d’une légende de la littérature, J.D. Salinger, de trente-cinq ans son aîné. Paru un an plus tard, Une adolescence américaine en est la conséquence et la suite. À la fois mémoire, histoire culturelle, et critique sociale, cette série de courts essais établit, avec un étrange mélange de maturité et de fraîcheur, la chronique d’une adolescence américaine durant cette période charnière. »

Mon avis :
L’intrigue – Je ne sais pas si on peut réellement parler d’intrigue ici, car on est dans un témoignage sur une société à une période donnée, ici la société américaine dans les années 60. La narratrice, sur un coup de tête, suggère au rédacteur en chef du New York Times de lui commander un article. Sans doute amusé par l’audace, il accepte, et lui demande de rédiger un papier sur sa génération.
Lorsque j’ai lu la quatrième de couverture, j’avais été intéressée par la période, mais aussi par un nom, celui de JD Salinger. On ne le retrouve au final que dans un court chapitre, puisque – chose que je ne savais pas – la relation de la narratrice avec l’auteur est racontée dans un autre livre, Et devant moi, le monde. J’irai sans doute regarder ce titre, car c’est l’envie de découvrir cette histoire qui m’avait poussée à acheter Une adolescence américaine, envie déçue ici.
Je ne vais pas revenir en détail sur les sujets abordés – la minijupe, l’inégalité des sexes, etc. – tout simplement parce que je ne suis pas là pour donner mon avis là-dessus, mais sur le livre. Ce que j’en dirai, c’est que j’ai aimé la façon dont ces sujets étaient abordés. La narratrice nous fait regarder la société par le filtre de son propre regard, de son expérience personnelle. Elle se sert d’anecdotes sur sa vie pour en arriver à des sujets sociétaux plus généraux. Après tout, une société est formée d’une multitude d’individus, alors ça m’a paru tout à fait logique de partir de l’individu pour en arriver à la société, et de voir à travers l’exemple de cette jeune narratrice les transformations opérées dans les années 60. Moi qui ne suis pas du tout adepte des questions sociétales en général et qui abhorre les témoignages à 90 % du temps, je n’arrivais pas à décoller mon nez de cet essai. À peine avais-je reposé ce livre que j’avais envie de le reprendre pour que l’auteure m’en dise un peu plus sur son époque.
Le style – Je trouve que Joyce Maynard a vraiment un style très agréable et fluide, et je crois qu’il n’en fallait pas moins pour me faire apprécier ce type d’ouvrage, très éloigné de ma zone de confort. Un truc est sûr, la suite de ses livres va très vite rejoindre ma wish list. Et pour ceux et celles que ça intéresserait mais qui auraient des envies plus « fictionnelles », elle vient de sortir un nouveau roman, Les règles d’usages, qui a de très bonnes critiques.


Conclusion : Une belle surprise pour un essai que j’entamais avec quelques a priori, que je recommande à tous les amoureux des sixties !